
Mes oreilles pourraient exploser que je ne m'en rendrai même pas compte...

Mes oreilles pourraient exploser que je ne m'en rendrai même pas compte...

Madame, je ne suis pas mort.
Je suis parti chercher de la viande chez le boucher et suis tombé amoureux d'une carcasse.
Madame, il faut donner des numéros aux invités du repas de famille.
J'aime quand il y a des étincelles dans la foule en délire.
Madame, je crois qu'elle n'a pas très envie d'y rester.
Tout ce qu'il a voulu faire du temps de son vivant, c'était de la tuer.
Madame, le rose et le bleu sur un pull vert, ça ne vous fait pas penser à une clef à mollette ?
Il y a des chips et du coca sur la table, mais personne ne semble vouloir se lancer.
Madame, il semble qu'il soit parvenu à acheter vos billets de trains.
Pourquoi l'amour d'une personne n'est-elle que purement égoïste ?
Madame, je pense à vous si souvent.
J'aime coller des croix sur les lustres et dessiner des pendus sur les murs.
Madame, ces lacets sont défaits.
Dans la cuisine, il y a des rayures même dans mes cheveux.
Madame, vos pleurs sont aussi faux que vos seins.
J'ai chanté des comptines aux oiseaux pour les endormir car le marchand de sable est mort.
Madame, pourquoi votre coiffeur ne m'aime pas ?
Mon piercing a du mal a cicatrisé à cause du froid, je dois trouver un briquet.
Madame, il faut prier pour que vous soyez moi et inversement.
J'ai perdu la clef de mon tiroir et je n'ai aucun cutter pour ce soir.
Madame, l'éclairage vert et jaune sur le mur des chiottes est-il nécessaire ?
Il y a des bruits de tambours au loin derrière cet immeuble.
Madame, je me sens comme un animal en cage.
Cette affiche est sordide mais elle me fait penser à l'idée que je me fais du monde.
Madame, vous semblez si fatigué.
Je ne sais pas quand nous allons sombrer, mais quelque chose me dit que ça ne saurait tardé.
Madame, savez-vous ce que vous attendez la nuit venue ?
Je n'en peux plus d'attendre que l'on me donne ce que je n'aurai jamais.
Madame, votre sac est grand ouvert, comme votre décolleté.
Je ne crois plus à vos mensonges, ni aux leurs à dire vrai.
Madame, je crois que la pluie m'a ouvert les yeux.
Dessinons sur la télévision avant qu'il ne soit trop tard pour vous.
Madame, votre maquillage coule.
Quand tout est vide, il n'y a plus rien que vous pourrez changer.
Madame, a qui est cette main qui sort de la fontaine ?
J'ai envie de m'allonger sur cette plaque d'égout et de compter les étoiles.
Madame, je vais chasser les nuages.
Tout est si beau quand nous fermons les yeux, alors plus jamais je ne veux les ré ouvrir.

Certaines paroles nous hantent,
Certaines pensées nous plantent...
Accroches-toi, parce que la descente va être rude. Tu vas avoir l'impression de te prendre un ouragan dans la gueule. Ça tourbillonne, je sais, mais ce n'est que le début. L'euphorie a totalement disparue, et tu vas devoir faire face au désarroi. Comme un couteau qui te caresse pour mieux te planter. Hey, ça arrive à plus de gens qu'on ne le croit, mais on est trop occupé avec nos problèmes pour s'en rendre compte. Regardes les choses du bon côté. Putain arrête de te lamenter, arrête de pleurer merde, tu m'fais flipper là... Pas toi... T'as pas le droit... Ça aurait pu être pire, et tu verras, d'ici quelques jours, ça ira mieux... Ouais, tu le sais que j'suis en train de te mentir, mais tu veux que je te dise quoi d'autre ? La vérité ? T'en serais encore plus malade. Et j'ai besoin de toi pour continuer, sans quoi... je sais pas ce que je ferai. Je sais même pas si j'aurai réussi à tenir jusque là. Et j'veux même pas y penser, parc'que... Parc'que j'ai trop peur de la réponse... Regardes moi... A la vie... A la mort... Quoiqu'il arrive...

En te regardant dans le miroir, tu découvres mon image.
Désormais, une partie de moi vivra en en toi...
Et ce jusqu'à ta prochaine conquête.
Il m'a fait rire, ce pauvre fou... Vraiment. Me lancer ça comme ça, d'un coup. L'épée de Damoclès risquait fort de s'abattre sur toi depuis déjà un bon moment. Ca n'a pas raté. Au fond c'est une bonne chose, un temps pour tout. Il m'aura fallu du temps pour ouvrir les yeux sur ta véritable nature. Et tu n'auras jamais l'audace de venir te défendre, car oui, tout est de ta faute. Une fois, passe. Deux fois, casse.
Parfois je me demande si mon dégoût du genre humain est fondé ou non, mais bien vite le retour à la réalité est sec et cruel : l'espèce humaine est vraiment perverse, vicieuse et pourrie. Et tu n'as pas réussi à me prouver le contraire... Tu m'as bien caché qui tu étais au fond. Regarde le bon côté des choses, oui tu as tout gâché, mais tu t'es bien fais plaisir. Après tout, tu pourrais presque croire que c'était ton droit... Que les choses soit claires, tu ne pourras pas dire que tu n'étais pas prévenu. Même si la mise en garde se sera avérée vaine compte tenu des circonstances. Cher ami, n'oublie pas qu'à ce petit jeu que tu as lancé sournoisement dans mon dos, tu auras été le seul perdant...

Blanche écume hypnotique,
Noie mes délires hystériques...
Allongé par terre, nous creusons le sol pour nous y enterrer. Ce qui leur fait peur ne me fait plus mal. Et si je devais mourir demain, je te dirais quoi ? Que je ne supporte plus mon image dans ce miroir, que je suis la victime d'un avortement raté, que j'aimerai que ma vie est été aussi belle que la tienne. Je me sentais bouleversé hier, mais maintenant que je sais que c'est fini, je suis soulagé. Quelques lacérations pour s'en convaincre définitivement. Insensible à la douleur, à tout jamais. Je pourrai presque me couper les doigts que je ne sentirai plus rien, mais ils vont encore me servir pour crever quelques yeux avant de partir.
La peine et la peur sous forme de vers dévoreront les coeurs des plus fous croyant encore à un monde meilleur bien au-delà. Tous les autres savent au fond où nous allons tous finir. Plus bas, toujours plus bas. Ca sonnait creux dans leur tête hier encore, mais aujourd'hui, ils semblent avoir enfin compris qu'il n'y avait plus rien à prendre ici. Alors ils creusent leurs tombes à nos côtés, et ce jusqu'à la mort, car elle arrive à grands pas. Ils ont de la peau et du sang plein les poches, mais pour gagner c'est des ongles et des os qu'il faut avoir. Je t'ai toujours répété qu'ils étaient comme toi, qu'ils ne comprenaient jamais rien. Tu ne mourras pas demain, tu es déjà mort hier.
Bonjour Christine, ma belle Christine,
Je suis au bord de ma fenêtre, je regarde les voitures passer, ça me donne l'impression de flotter au dessus de la ville. Si tu savais comme j'ai hâte de te revoir... L'été s'est voulu malicieux, passant d'un temps maussade aux couleurs grisantes à un temps ensoleillé plus qu'étouffant, où la moindre petite activité devenait fastidieuse. Tu dois être bien plus heureuse là haut, dans ta petite maison avec tes chèvres.
Savais-tu que Minou s'en était allé ? Grand père avait vu juste, encore une fois. Je t'enverrai les dernières photos que j'ai réussi à prendre de lui, j'attends juste que le labo ait finit de développer ma pellicule. Mes vacances approchent à grands pas, plus que deux semaines et je m'en irai rejoindre les plages de sables fins pour lézarder toute la journée, bercé par les bruits des vagues, tandis que le monde sera en pleine activité... Tu dois connaître cette sensation bien mieux que moi. Christine, que j'aimerai te revoir... Prendre un chocolat à quatre heures devant la télé en se blotissant sous la couette, comme quand nous étions petits...
Il parait que tu as trouvé un nouveau travail, ça a du rassuré Eric. Ca me rappelle quand vous aviez emménagés à deux pas de la maison, un peu avant le mariage de Cathy. Qu'est ce qu'on rigolait à cette époque, c'était bien avant tout ça. On allait tous ensemble au parc les dimanches après-midis pour pique-niquer, et tu me ramenais tout le temps un petit pot de confitures. Je crois que Pierre a toujours été jaloux de nous savoir aussi proches. C'est peut-être pour ça qu'il s'empiffrait de sucreries.
J'ai essayé de t'appeler la semaine dernière pendant que j'étais au centre commercial, mais je n'ai jamais réussi à t'avoir. Et tu sais combien je déteste parler à un répondeur téléphonique. Hier j'ai emmené la petite Chloé à l'animalerie, histoire de la faire sortir un peu de chez elle et lui faire oublier qu'elle est différente des autres. Tu aurais du la voir rire quand l'un des chiots grattait la vitre comme s'il voulait lui sauter dessus pour se jeter dans ses bras. Mais je crois qu'à grandir elle préfèrera les chattes.
En sortant de l'animalerie, j'ai cru voir Jeanne, mais je me suis rappelé qu'elle était morte. Je me suis souvenu de la dernière fois que je l'ai vu, avant son accident. On était allé manger des glaces, j'en avais pris une au chocolat, et elle à la fraise. C'était bon, cette sensation de froid en plein été, comme si on croquait la banquise à pleine dent au beau milieu d'un désert. Et elle se léchait les lèvres comme si elle avait envie de faire l'amour. Je l'avais ramené chez elle, et je lui avais demandé de penser à prendre la cassette du baptèm de Vanessa avant de partir. Je ne l'ai toujours pas vu d'ailleurs.
Hier, Christine, j'ai cru que j'avais perdu la tête. Je me suis réveillé dans ma salle de bains, sur le tapis de la baignoire. J'ai regardé les ciseaux qui trainaient sur le parquet. Quelques cheveux à côté. Pas un bruit n'est venu rompre le silence de la pénombre, cette partie du monde était en sommeil pendant encore quelques heures. Je me suis levé, dificilement, pour me diriger vers la salle à manger. Je sentais mes mouvements faibles et lourds qui chatouillaient l'air renfermé de la pièce éclairée à la seule lueur d'une grosse bougie blanche à demi-consumée. Je ne me rappelle pas de ce qui s'est passé avant. Tu te souviens, la dernière fois que tu m'avais retrouvé près du rosier dans le jardin de maman ?
J'aime bien t'écrire sur des feuilles de papier vert, ça rend mon écriture moins moche. J'espère que tu ne m'en voudras pas. Il commence à se faire tard, et mes yeux ont de plus en plus de mal à distinguer le papier. Je vais poser mon stylo plume et descendre dans la rue donner les restes du repas de ce soir aux petits chats de gouttières. Je pense fort à toi, comme chaque jour.

Derrière chaque porte un obstacle,
Sous chaque rocher une dague...
Mes larmes ne te feront jamais revenir. Le regard vide, rivé sur la table, je ressens comme un goût d'amertume dans ce vase. J'ai beau l'avoir brisé, tout est encore intact, comme si nous étions liés. Ca me rappelle quand tu me disais que c'était écrit, que rien ne pourrait jamais nous séparer. Et moi j'y croyais. Voilà où ça m'a conduit... Ce vase comme mon cœur se retrouve d'un coup d'un seul en miettes. Je te vois dans chaque petit morceau qui jonche mon sol. Alors je me baisse et j'attrape chacun d'eux, un par un, parce que ton reflet m'est insupportable.
Je me coupe, et brusquement je te sens pénétrer les plaies, comme si tu cherchais à me contaminer. N'ai je donc pas assez souffert ? Et ça me fait mal, je pars prendre un couteau et je m'ouvre pour te faire sortir, mais ça ne marche pas. J'ai beau t'implorer de me quitter, tu me prends davantage. A la vie, à la mort. Je te vois dans le sang qui coule le long de mon bras, je te sens dans sa chaleur. Tu es en moi désormais, et tu sembles avoir décider de ne plus jamais en sortir. Sauf si je me tranche la gorge pour te faire souffrir. A ton tour d'avoir mal.
Bourrine et tambourine,
Mon crâne qui s'illumine...
Je ne cesse de penser à toi qui est entré dans ma vie par je ne sais quelle porte que j'ai laissé entrouverte... Et aujourd'hui encore, je ne te connais pas, et je te laisse me faire toutes ces choses. Une spirale de folie dans un seul verre, et te voilà libéré de tes chaines. Je ne comprendrai probablement jamais ce qu'il m'arrive, et peut être vaut-il mieux que je ne m'y intéresse pas pour éviter une mauvaise chute. On ne sait jamais... Tu lèves la tête, je te regarde et je me découvre une nouvelle image dans tes yeux. C'est drôle, moi qui me voyait tout autrement...
Ca me fait mal de t'entendre me dire que ce que nous faisons est mal mais que ce n'est que la vie, et que tout le monde fait pareil. Tu sais que ça me fait mal... Oui tu le sais, mais au fond, tu dois aimé ça. Et tu continues à me faire toutes ces choses, et tu les fais si bien. Je t'entends encore qui résonne dans ma tête, comme si tu l'occupais encore et encore. Je me tue à mémoriser le son de ta voix, car je ne sais pas encore combien de temps je pourrais l'entendre. Je pourrai t'écouter des heures sans me lasser... Et tu dois trouver bien étrange le fait que je tente de capturer chacune de tes sonorités, comme si c'était la dernière qui m'était destinée. Mais non, ce n'est pas étrange. Tu es comme les autres, un jour tu partiras et tu me laisseras seul. Seul et anéanti.

1°) Parce que devenir zombie serait se rallier à la majorité, foutant en l'air vingt ans d'associabilité.
2°) Parce que ta liste de connectés MSN se vide en quelques jours et que t'as plus personne à wizzer.
3°) Parce que si les êtres humains sont bêtes et méchants, ils passent rarement à l'acte. Les zombies, toujours.
4°) Parce que tu tiens à son intestin grêle et à ton pancréas.
5°) Parce que courir c'est marrant cinq minutes, mais ça saoule très vite. Trop vite.
6°) Parce qu'Eve Angeli version cadavre cannibale qui veut te bouffer la cervelle, c'est quand même plus effrayant que la vraie qui raconte la vie de ses chiens chez Fogiel.
7°) Parce que la chair en putréfaction et les tronches décomposées, c'est vraiment pas fashion.
8°) Parce que devenir le plat du jour n'a jamais été un objectif de carrière.
9°) Parce que tu te fous du sang de partout sur tes fringues bien chères que même avec SKIP ça part pas au lavage.
10°) Parce que t'es obligé de finir alcoolique pour pas péter un plomb.
11°) Parce que tous ne répondent à tes questions que par des grognements, au mieux des hurlements.
12°) Parce que t'as pas envie finir tes jours à de te taper des Mc Charogne jusqu'à ce qu'on t'explose la tronche avec un fusil à pompes.
13°) Parce que ça te fait chier de te taper leurs haleines fétides quand ils essayent de te mordre.
14°) Parce que te faire bouffer par ton mec (ou ta meuf) t'as jamais fait bander
15°) Parce tu auras mauvaise mine et pas qu'au réveil, et que les anti-rides ou les crèmes auto-bronzantes ne pourront plus rien pour toi.
Notre heure est venue, il n'y a plus aucune issue possible... La vie est comme tout le reste, elle se perd facilement. Et au milieu des ruines, cela semble être une évidence. Ce paysage aurait semblé morbide hier encore, et c'est comme si tout ce sang lui avait toujours appartenu. Le soleil qui se couche emporte avec lui la couleur des lambeaux de chair qui jonchent le sol.
Seules quelques flammes éclairent désormais ton doux visage. Prends moi dans tes bras... Nous nous éteindrons parmis ceux qui nous ont condamnés... Le calme règnera désormais jusqu'à la fin des temps. Aujourd'hui est un jour sans lendemain.

Je vais essayer...
Ne pas perdre pied...
Le contraste intérieur / extérieur explose. Ne vois-tu donc rien, ou est ce la stupidité qui t'aveugle ? Ne te fie pas à tous ces artifices et concentre toi sur le contenu qui t'es livré, certes au compte-goutte, mais livré tout de même. Ils sont tous persuadés que je suis comme ceci, malheureusement pour eux, non, je suis comme cela. Je ne sais si c'est avec aisance qu'ils sont dupés de la sorte ou si c'est seulement par pure obsession de leur petite personne qu'ils ne se rendent compte de rien. Je ris tellement d'assister à ce spectacle que la douleur émanant de l'absence de compassion me fait pleurer. Et par la fenêtre je contemple les moutons paissant tranquillement l'herbe verte et bien grasse, attendant bien sagement l'heure où le diable les fera rotir dans ses flammes. Soit.

Je parles à l'envers,
Le démon dans mon verre...
Enfermé dans une bulle sombre et lugubre au dessus du vide, prête à éclater quelque part on ne sait où, on ne sait quand... Pendant ce temps, il me parle de tout ce que j'aurai pu accomplir, de toutes ces opportunités qui m'ont été offertes et que je n'ai pu saisir. Il ne s'arrête que très rarement d'ailleurs. Je mérite ce que je vis. Je suis le seul à changer la donne. Si je pouvais lui écraser les dents et me libérer de son emprise. Tout ce bruit la dedans m'assomme, ca me fait trop mal, je crois que je vascille. Heureusement que mes pillules m'aident à lui faire fermer sa gueule une bonne fois pour toute. Mais le médecin m'interdit de prendre le volant quand je prends ces jolies petites pillules qui me font de l'oeil toute la journée. C'est qu'elles m'emmènent au paradis voyez-vous... Du coup, je ne vis que pour elles. Et je crois que me faire gerber n'a servi à rien ce midi...

La nuit n'est pas toujours mon amie...
Alors je me cache sous mon lit...
Ils m'ont abandonné, moi, leur propre enfant... Me voilà seul, à tout jamais. Isolé du monde, je me laisse parfois aller jusqu'à la faiblesse de croire qu'il est préférable d'en finir plutot que de continuer à assister à ce massacre qui ne cessera jamais. La folie humaine est sans fin. Tandis que certains laissent des orphelins batir des palaces en lambeaux de chair, d'autres tentent de laver leur mains salies d'un sang nucléaire... La rédemption, au fond plus personne n'y croit.
Non, la rebellion n'aura jamais lieu, car les moutons aiment voir cette fauscille rouillée carressée leurs flans. Si tu veux t'en sortir, n'écoute que ce qu'ils ne nous disent pas. Car après tout, nous sommes condamnés, et le mensonge dans lequel nous évoluons contribue à faire de nous ce qu'ils souhaitent. Tu sais tout aussi bien que moi qu'il est trop tard pour nous.
Les jeux sont faits. Ton âme en échange de leur argent. Attendons que la mort vienne nous chercher, et si le jour vient ou tu te sens faiblir, tu sais ce qu'il faudra faire. Je pense que je l'implorerai de m'arracher à cet enfer bien avant toi... J'aurai tant aimé qu'il en soit autrement. Oui, si tu savais combien j'aurai aimé...

Chaque fois que tu commences, je continue.
Nuits après nuits, guidé par nos envies issues des bas-fonds, nous nous ennivrons au son des verres qui s'entrechoquent et des bouteilles qui se vident davantage à chaque coup d'oeil furtif que nous leur portons. Pris dans un tourbillon de fumée, entre euphorie et écoeurement, les soucis omniprésents deviennent d'une troublante inexistence, comme si leur gravité avait pris un caractère des plus légers. La vie ne serait-elle au fond qu'une funèbre mascarade ? Tout s'enchaine, rapidement... Et plus rien n'a de sens, nous perdons la maitrise de nos repères, comme transi par une soudaine sensation de liberté solitaire, sans que l'on arrive à savoir vraiment depuis quand cette impression nous est apparue. Un verre de plus ou de moins, les effets supplémentaires demeureront dérisoires... Parfois vient la dose de trop, ou quand le doux rêve virer au cauchemar cafardeux qui te ramène sur terre d'une intense violence... Mais n'est-ce pas un résumé parfait du cours de nos existences ?

Parce que tout a une fin.
Parce que la chair n'est plus rien.
A mesure que je le sens s'écouler, la noirceur m'emporte...
A tout jamais...

Ne crois pas en moi...
J'ai de la peinture plein les mains... C'est étrange de voir comment toutes ces couleurs se mélangent, les formes laissant apparaître différents paysages que l'on a coutume de ne voir que sous LSD. La chute est aussi dure que les poils du pinceau qui griffent la toile. Les couleurs ont autant de signification qu'une chèvre éventrée sur un tapis de poils blancs selon la signification que chacun lui porte. Mon cœur s'emballe. J'ai mal à la tête. Mais pas physiquement. Quand tout s'est consumé, tu sais que la dernière cendre s'écrasera sur le sol, entraînant tout dans son tourbillon de fumée... Mais personne ne sera là pour te voir partir. Je me sens sale. Assez pour prendre ce cutter et me taillader jusqu'à ce que mes nerfs lâchent. Tamponne moi un mouton. Est-ce déjà la fin ? Toutes ces rayures me donnent le tournis... Le corps lourd s'effondre seul dans un silence profond...