dimanche 16 décembre 2007

Se sentir ainsi

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Mes oreilles pourraient exploser que je ne m'en rendrai même pas compte...

De la musique, une fiole de vodka, ma veste en cuir, motivé comme jamais pour oublier le monde pendant quelques heures. Fuir n'a jamais été la solution miracle, mais fonctionne parfaitement pour un laps de temps restreint. Après tout, je ne suis qu'une enveloppe de chair animée par ses sentiments. Les rues sales sont toujours sombres et désertes. Plongé dans un froid hivernal, j'entends sa voix qui continue à me chanter ses névroses. Et la flamme de mon briquet m'hypnotise tandis que je compte le nombre de fois où j'ai souhaité en finir. Mal au crâne, envie de cracher à la gueule de certains et d'en embrasser d'autres, de se jeter dans le vide et de couler au milieu des glaçons. J'aimerais redevenir moi-même. Je n'ai plus besoin de rien ici, ça n'a aucun sens. La fiole est vide mais ne se brise pas. Une consommation pour une nouvelle descente en enfer. Donne moi un signe de vie. Donne moi du courage. Entre deux spots j'entrevois ton visage en larmes qui me sourit encore. Et je reviens à moi. Un mec semble dormir vautré dans un canapé en cuir. J'aimerai lui sauter dessus, le rouer de coups et m'allonger près de lui. Caresser son bras et le sentir se refroidir tandis que je lui chantonne des comptines au creux de l'oreille. Je me sens comme piégé dans une impasse. Je ne m'en sortirais jamais, les larmes couleront toujours, jusqu'à la fin. Étais-je venu pour ça ?

lundi 3 décembre 2007

Les déboires des scarifications

"Hier j'ai failli y passer... failli y passer... Hier...
Ils me tueront s'ils l'apprennent un jour..."
Réveil tortueux, le crâne lourd, un cauchemar éveillé ? Un regard aux points de suture... La sordide signification de leurs cris étouffés seront à tout jamais remémorés.
Comment faire autrement... Quelle réaction adopter lorsque les tremblements s'emballent, que les larmes se déversent sans aucun temps mort, quand plus aucun espoir ne daigne donner signe de vie ? Personne ne peut comprendre, mais chacun feint un rétablissement spirituel, avant de tourner le dos. Un trou en plein coeur qui ne cesse de se creuser chaque jour davantage, laissant le corps se tordre de douleur entre deux implorations. A ne plus vouloir en vivre, lorsque les nerfs lâchent, et que disparaissent au lointain les fantômes des lendemains heureux.
Et un jour vient où tout s'effondre sans prévenir. Une musique qui te hante jusqu'à te contrôler, un cutter dans la poche, et les endroits stratégiques qui reviennent, comme d'habitude... Personne ne verra rien... Non, personne... Pas trop profond, juste assez pour se libérer de toute cette souffrance... Extérioriser ce soir pour mieux se sentir demain, même si dans quelques jours tout recommencera. Presque euphorique... C' est bon le goût du sang... Et ça se lave, pas comme la douleur. Quand tu mets tes lèvres dessus et que t'aspires... Le frisson avant la douleur, physique pour pallier au psychologique.
Et tu te cales, tranquille, et tu penses à tout ce qui t'arrive et que tu peux plus gérer... Et tu sens que ça monte, que ça bouillonne, que tu craques, et pis t'as ton cutter sur toi, et tu recommences le manège, mais plus au même endroit. Parce que c'est pas la même crise... Non, c'est pire... Bien pire... Et t'as cette chanson dans la tête. Et t'es complètement désemparé... Et tu pleures comme rarement tu as pleuré... Tu te tires les cheveux comme pour sentir que tu es toujours en vie... Et tu te contrôles pratiquement plus... T'es à moitié conscient, mais le désarroi s'empare de plus en plus de toi... Et ce cutter qui est là, posé juste à côté... Et ça recommence, un coup par-ci, un coup par là... Sauf que là ça te soulage pas, alors t'y vas un peu plus fort... Mais t'as oublié que tu faisais pas ça au même endroit que d'habitude... Non, là t'y vas bien là ou ça fait mal, et où un mauvais coup peut t'envoyer six pieds sous terre. Alors t'y vas, un bon coup. Et c'est profond... Très profond... Ca cicatrisera pas tout seul cette fois... Et tu regardes ce que tu viens de faire... Et tu te rends compte que cette fois t'y es allé trop loin... Tu vois comment c'est fait à l'intérieur de ta chair, mais le sang qui commence à couler recouvre la plaie... Tu sens tout ton corps qui s'enfonce dans le sol, et tes yeux commencent à être voilés par tout plein de petits points noirs qui piquent, et tu sens ton sang qui se glace d'un coup... Ouais, t'as déconné, et sur le coup ta souffrance t'y penses plus.
T'as mal, et faut vite trouver un moyen pour réparer ta putain de connerie. Tu peux pas aller chez tes parents comme ça... Qu'est ce qu'ils diraient... Comme si tu leur posais déjà pas assez de problèmes comme ça... Tu compresses ta plaie à mort avec ta main, et en chemin tu vois ta copine. Elle a le bras en sang. Mais elle c'est que du sang... Et faut vite trouver une solution, parce que tu tiendras pas longtemps comme ça. Et à part les urgences, vous voyez pas où allez. Alors vous y allez, et vous croisez tout un tas de gens mais tu t'en rends compte après les avoir croisé, parce que t'es complètement dans ton monde. Et il est déjà tard, c'est la pénombre, alors vous tracez sans calculer. Et tu balances le cutter dans une poubelle en te jurant de plus jamais recommencer, même si tu sais qu'au fond tu retomberas un jour... T'arrive aux urgences, et tu expliques ton cas à la secrétaire, comme un con, et tu sens les regards des gens derrière toi. Mais la secrétaire elle comprend pas trop de quoi tu parles, alors elle se lève pour faire le tour de son bureau, et elle découvre le carnage. "Mais j'ai pas de papiers sur moi... J'ai rien, et faut pas que ma famille l'apprenne, non personne, personne ne doit être au courant...". Alors elle t'installe dans une pièce juste à côté, et tu te retrouves en face d'une autre secrétaire. Et là elle te demande de tout reprendre dès le début. Elle veut savoir si tu t'es fait agressé, et toi t'insiste en répétant que non, c'est bien toi qui t'es infligé ça. Et ça te fait encore plus mal, ouais là pour le coup, tu te retrouves comme face à tes problèmes. T'as voulu trouver un moyen de t'en débarrasser, et ils t'ont conduit en enfer.
"Vous vous êtes drogués ??". Tu jures que non, mais elle a du mal à te croire. Tu peux pas lui en vouloir, après tout, elle est comme les autres, elle comprend pas. "Vous êtes sur, vous avez rien pris ??". Non, définitivement, non. T'as la main qui serre toujours fort ta chair, tu regardes un peu le sang sur ton pantalon. Et tu te demandes quand est ce qu'ils vont enfin se décider à te réparer. Mais non, pas encore, faut prendre ton mal en patience, parce qu'elle te fait encore répéter ce que tu viens de faire, comme pour te faire prendre conscience de ta connerie. Où pour être sure que tu la prends pas pour une conne. Sur le coup t'en sais rien et tu t'en fous royal, ta principale préoccupation se situe au bout de tes doigts. Au bout d'une vingtaine de minutes d'interrogatoire, elle t'emmène dans une salle d'opération. Et le médecin arrive. "C'est profond, il va falloir des points. C'est vous qui vous êtes fait ça ??". T'as l'impression d'être dans un autre monde. Et pendant qu'il te parle, il t'anesthésie. "Vous avez eu de la chance, vous auriez pu toucher une artère vous savez...". Ouais, t'aurais pu achever le travail. Mais t'as échoué, encore une fois. T'as essayé de sauté quand t'avais douze ans déjà, mais t'étais encore un minot, alors t'as balisé. Et avec les médicaments, pareil, ça t'a carrément défoncé, mais tu t'es quand même réveillé... Et pendant que le chirurgien essaye de comprendre comment un jeune adulte peut en arriver là, il te recout. Il referme la chair, mais pas les maux. C'est vite finit, alors tu prends tes affaires, tu vas pour sortir, mais on t'en empêche. Alors tu comprends pas, tu commences à paniquer, le médecin s'en va, mais l'infirmière te barre le passage. "Non monsieur, ce que vous venez de faire, ce n'est pas normal. Venez dans la pièce à côté, un médecin va arriver d'ici quelques minutes". Et tu te retrouves enfermé dans une pièce avec un lit. Et tu t'allonges. Et tu regardes la couture, et ça te fait pas mal. Pas encore. Et tu souris. Il est déjà vingt heures. Ca fait quinze minutes que t'es enfermé là... T'entends une femme hurler à la mort dans le couloir... Tu te dis qu'il faut que tu sortes, qu'ils vont jamais te laisser sortir, mais t'entends du bruit en permanence. C'est peine perdue, va falloir la jouer fine si tu veux t'en sortir. La psy, qu'est ce qu'il va falloir lui baratiner hein ? Ben ouais, c'est bien gentil tout ça, mais même si t'as souvent envie de te faire aider, tu te dis que de tote faàon ça servira à rien. De toute façon t'en as assez bavé pour la journée, t'es claqué et tout ce que tu veux c'est te foutre dans ton plumard et ne plus en sortir pendant les trois prochains mois. Ca fait maintenant une demi-heure que t'es allongé, parce que ça commence à faire mal. Mais tu as presque perdu la notion du temps...
Et la psy finit par arriver, et elle te dit qu'elle sait pourquoi on la fait venir ici, mais qu'elle veut t'entendre raconter encore une fois tout ce qui s'est passé, et pourquoi t'en es arrivé là. Alors tu lui racontes que c'est à cause des parents, parce que les être humains comprennent généralement mieux les douleurs d'une histoire de divorces que celles d'une détresse morale intense que tu traines depuis dix ans mais que tu n'arrives même pas toi même à expliquer. C'est comme ça, et pas autrement. Mais avec elle, ça marchera pas et tu le sais. Et ça tombe bien, parce que ton histoire de divorce, elle le gobe. En fait, t'inventes rien, sauf que la vérité est en fait bien pire que le divorce. Mais mieux vaut s'en tenir à cette version. Ouais, mieux vaut... Elle te dit que c'est pas une raison, que plein de gens réagissent difficilement à ce genre de situations, mais qu'il est toujours préférable de parler à des spécialistes plutôt que de tout garder pour soi et d'en arriver à se faire mal. Trente minutes plus tard, elle décide de te laisser sortir, au fond tu te dis que c'est une grosse erreur, mais bon faut savoir ce que tu veux.
Et il fait nuit. Et il fait froid. Et l'anesthésie ne fait plus aucun effet. Et ta peau tire dans tous les sens. Et ça fait mal. Et tu dois rentré à pieds jusqu'à chez toi. Et sur le chemin, tu penses à tout ça, et tu te rends compte que rien n'a changé. Non, rien n'a changé. Rien. La souffrance est toujours là, encore plus forte. Toi qui pensait qu'elle avait atteint son paroxysme... Et t'arrives chez toi, et tu fais mine de rien, mais tu marches bizarrement. Forcément tes parents se rendent compte qu'il y a un truc qui cloche, alors tu racontes que tu t'es fait mal au pied en faisant le con avec un pote. T'as même pas faim, t'es crevé. Tu te fous PORTISHEAD, tu te prépares à te pieuter, et tu t'allonges dans le noir. Et t'écoutes la voix de Beth Gibbons. Et tu te mets à pleurer... Et tu sais que demain, tu pleureras encore...