lundi 15 octobre 2007

Désastre cérébral

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Blanche écume hypnotique,
Noie mes délires hystériques...

Allongé par terre, nous creusons le sol pour nous y enterrer. Ce qui leur fait peur ne me fait plus mal. Et si je devais mourir demain, je te dirais quoi ? Que je ne supporte plus mon image dans ce miroir, que je suis la victime d'un avortement raté, que j'aimerai que ma vie est été aussi belle que la tienne. Je me sentais bouleversé hier, mais maintenant que je sais que c'est fini, je suis soulagé. Quelques lacérations pour s'en convaincre définitivement. Insensible à la douleur, à tout jamais. Je pourrai presque me couper les doigts que je ne sentirai plus rien, mais ils vont encore me servir pour crever quelques yeux avant de partir.

La peine et la peur sous forme de vers dévoreront les coeurs des plus fous croyant encore à un monde meilleur bien au-delà. Tous les autres savent au fond où nous allons tous finir. Plus bas, toujours plus bas. Ca sonnait creux dans leur tête hier encore, mais aujourd'hui, ils semblent avoir enfin compris qu'il n'y avait plus rien à prendre ici. Alors ils creusent leurs tombes à nos côtés, et ce jusqu'à la mort, car elle arrive à grands pas. Ils ont de la peau et du sang plein les poches, mais pour gagner c'est des ongles et des os qu'il faut avoir. Je t'ai toujours répété qu'ils étaient comme toi, qu'ils ne comprenaient jamais rien. Tu ne mourras pas demain, tu es déjà mort hier.

jeudi 4 octobre 2007

Illusion d'une lettre égarée

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Bonjour Christine, ma belle Christine,

Je suis au bord de ma fenêtre, je regarde les voitures passer, ça me donne l'impression de flotter au dessus de la ville. Si tu savais comme j'ai hâte de te revoir... L'été s'est voulu malicieux, passant d'un temps maussade aux couleurs grisantes à un temps ensoleillé plus qu'étouffant, où la moindre petite activité devenait fastidieuse. Tu dois être bien plus heureuse là haut, dans ta petite maison avec tes chèvres.

Savais-tu que Minou s'en était allé ? Grand père avait vu juste, encore une fois. Je t'enverrai les dernières photos que j'ai réussi à prendre de lui, j'attends juste que le labo ait finit de développer ma pellicule. Mes vacances approchent à grands pas, plus que deux semaines et je m'en irai rejoindre les plages de sables fins pour lézarder toute la journée, bercé par les bruits des vagues, tandis que le monde sera en pleine activité... Tu dois connaître cette sensation bien mieux que moi. Christine, que j'aimerai te revoir... Prendre un chocolat à quatre heures devant la télé en se blotissant sous la couette, comme quand nous étions petits...

Il parait que tu as trouvé un nouveau travail, ça a du rassuré Eric. Ca me rappelle quand vous aviez emménagés à deux pas de la maison, un peu avant le mariage de Cathy. Qu'est ce qu'on rigolait à cette époque, c'était bien avant tout ça. On allait tous ensemble au parc les dimanches après-midis pour pique-niquer, et tu me ramenais tout le temps un petit pot de confitures. Je crois que Pierre a toujours été jaloux de nous savoir aussi proches. C'est peut-être pour ça qu'il s'empiffrait de sucreries.

J'ai essayé de t'appeler la semaine dernière pendant que j'étais au centre commercial, mais je n'ai jamais réussi à t'avoir. Et tu sais combien je déteste parler à un répondeur téléphonique. Hier j'ai emmené la petite Chloé à l'animalerie, histoire de la faire sortir un peu de chez elle et lui faire oublier qu'elle est différente des autres. Tu aurais du la voir rire quand l'un des chiots grattait la vitre comme s'il voulait lui sauter dessus pour se jeter dans ses bras. Mais je crois qu'à grandir elle préfèrera les chattes.

En sortant de l'animalerie, j'ai cru voir Jeanne, mais je me suis rappelé qu'elle était morte. Je me suis souvenu de la dernière fois que je l'ai vu, avant son accident. On était allé manger des glaces, j'en avais pris une au chocolat, et elle à la fraise. C'était bon, cette sensation de froid en plein été, comme si on croquait la banquise à pleine dent au beau milieu d'un désert. Et elle se léchait les lèvres comme si elle avait envie de faire l'amour. Je l'avais ramené chez elle, et je lui avais demandé de penser à prendre la cassette du baptèm de Vanessa avant de partir. Je ne l'ai toujours pas vu d'ailleurs.

Hier, Christine, j'ai cru que j'avais perdu la tête. Je me suis réveillé dans ma salle de bains, sur le tapis de la baignoire. J'ai regardé les ciseaux qui trainaient sur le parquet. Quelques cheveux à côté. Pas un bruit n'est venu rompre le silence de la pénombre, cette partie du monde était en sommeil pendant encore quelques heures. Je me suis levé, dificilement, pour me diriger vers la salle à manger. Je sentais mes mouvements faibles et lourds qui chatouillaient l'air renfermé de la pièce éclairée à la seule lueur d'une grosse bougie blanche à demi-consumée. Je ne me rappelle pas de ce qui s'est passé avant. Tu te souviens, la dernière fois que tu m'avais retrouvé près du rosier dans le jardin de maman ?

J'aime bien t'écrire sur des feuilles de papier vert, ça rend mon écriture moins moche. J'espère que tu ne m'en voudras pas. Il commence à se faire tard, et mes yeux ont de plus en plus de mal à distinguer le papier. Je vais poser mon stylo plume et descendre dans la rue donner les restes du repas de ce soir aux petits chats de gouttières. Je pense fort à toi, comme chaque jour.

mardi 2 octobre 2007

Silencieuse perforation

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Derrière chaque porte un obstacle,
Sous chaque rocher une dague...

Mes larmes ne te feront jamais revenir. Le regard vide, rivé sur la table, je ressens comme un goût d'amertume dans ce vase. J'ai beau l'avoir brisé, tout est encore intact, comme si nous étions liés. Ca me rappelle quand tu me disais que c'était écrit, que rien ne pourrait jamais nous séparer. Et moi j'y croyais. Voilà où ça m'a conduit... Ce vase comme mon cœur se retrouve d'un coup d'un seul en miettes. Je te vois dans chaque petit morceau qui jonche mon sol. Alors je me baisse et j'attrape chacun d'eux, un par un, parce que ton reflet m'est insupportable.

Je me coupe, et brusquement je te sens pénétrer les plaies, comme si tu cherchais à me contaminer. N'ai je donc pas assez souffert ? Et ça me fait mal, je pars prendre un couteau et je m'ouvre pour te faire sortir, mais ça ne marche pas. J'ai beau t'implorer de me quitter, tu me prends davantage. A la vie, à la mort. Je te vois dans le sang qui coule le long de mon bras, je te sens dans sa chaleur. Tu es en moi désormais, et tu sembles avoir décider de ne plus jamais en sortir. Sauf si je me tranche la gorge pour te faire souffrir. A ton tour d'avoir mal.