dimanche 25 novembre 2012

Incision de l'âme


Aux nuages noirs rayonnent mes pleurs, 
Victimes asservies du regard intérieur. 

Les vibrations du monde ne suffisent plus à nourrir mon cœur noirci de désillusions délétères. Point de surprise, cette prémonition nouait ma gorge depuis déjà fort longtemps. Et pourtant, l'inertie totale du moment figé me pétrifie encore, essence même de ma folie ainsi mise à nue. Saveur assassine à l'appétit insatiable, salope vengeresse aux griffes acérées, le tourment de mon âme ne la contentera donc jamais assez. L'abandon dans ton regard aux ténèbres condamnées me déraisonne dans un tumulte bouillonnant d'incertitudes. Du bout de mes lèvres entrouvertes, déchiquetées de morsures féroces, abondent des vagues désespérées de murmures anxiogènes. Des larmes chaudes n'ont de cesse de perler mes yeux, troublant ma vision d'un réconfort presque salvateur. Ma caboche divague dans l'espace distordu, picotée de parts en parts d'assourdissants mémoires qui m'invitent à la dissection de l'invisible. Un éclair lancinant m'oublie au silence funèbre, presque morbide. C'est alors que ma perdition s'accroit inexorablement dans les méandres mystérieusement sombres de mon inconscient dévoré.

Mes paupières s'entrouvrent pour mieux se refermer, oppressant lentement la mécanique de la chair. Baigné d'une fumée épaisse aux reflets rougeâtres, sombre brouillard mortuaire emprunt de souffre et de terreur, je devine ton visage se dessiner au loin. Approche moi pour mieux me posséder. Mes poings joints contre mon thorax le violentent d'un désir aussi ardent qu'impossible. Sans me laisser abattre, j'enveloppe nos corps pour une danse lascive aux effusions illusoires. C'est que tu m'échappes autant que tu me manques. Accablé face contre terre, je devine ce gouffre qui se creuse alimenté du feu des diables. Leurs hurlements résonnent dans les entrailles de leur tanière où je te sais oublié. Ma langue embrasse le sol souillé par mon sang, libérant la brèche à laquelle je consens mon abandon total. Les mouches ne sont plus bien loin, il me tarde tant de les savoir près de moi. N'y a-t-il jamais de désir sans frustration ?