jeudi 24 avril 2008

Les grincements de l'obscurité

gooutwithmeand98T987TAPRIL08b

Ton petit sourire en coin,
Me prévenait d'un air coquin...

Dans ce miroir, je te vois me sourire, et je me décide à venir te rejoindre. Je te cherche partout, mais les gens dans la rue ne me comprennent pas quand je leur demande s'ils t'ont vus par ici. La ville se vide petit à petit, et je t'entends derrière moi, comme si tu t'amusais à rester dans mon dos. Les lampadaires s'éteignent les uns après les autres, et les bruits s'estompent à mesure que la noirceur s'installe. Je me perds dans les abysses de la ville, ne sachant où aller pour retrouver ma route. Je m'arrête pour allumer mon briquet, mais il fait trop noir pour voir quelque chose. Ne me laisse pas seul dans la nuit, laisse moi t'approcher et fuyons avant que les autres ne me prennent pour le monstre de derrière la maison et décident de m'égorger. J'entends des pas qui s'approchent de moi. Une fenêtre s'illumine, je cours vers elle, le mur est couvert de mousse. J'essaye de regarder à travers les carreaux mais la couche de crasse grisâtre qui la recouvre m'empêche de savoir combien d'âmes errantes logent à l'intérieur de ce taudis. La poignée se tourne aisément, je pénètre le long couloir sombre, m'approchant du tas de briques à terre pour m'allonger entre elles. Je regarde la lumière qui s'échappe de sous la porte et y glisse ma main. Mes yeux se ferment, je perds toute notion de temps.

D'au-dessus, assis dans une chaise, un verre à la main, je me regarde m'endormir. Des mains m'empoignent les épaules et me secouent brusquement pour me projeter contre le mur. La bouche en sang, je sens deux dents tombées sur le plancher. Je me baisse pour les ramasser et les mettre dans la poche de mon jean. Une femme me regarde fixement de l'autre côté de la pièce. D'un air plaintif, elle chuchote des mots que je ne comprends pas en se coupant des mèches de cheveux. Je m'approche alors pour mieux l'entendre... "Tu ne seras plus rien..." gémit-elle. Son expression change d'un coup, comme saisie par un mal brutal, des convulsions la saisissent. Ses yeux rivés dans les miens, elle se plante les ciseaux en plein cœur. Une porte s'ouvre derrière moi, je m'avance dans une chambre ou une lampe illumine un livre ouvert sur une commode. Les mots sont écrits dans une langue qui m'est totalement inconnue, alors je ferme le livre d'un coup si brusque qu'un flash de la défunte aux ciseaux m'apparait à côté de moi. Mes yeux me piquent, je m'allonge alors sur le lit et allume la télé suspendue au plafond. Elle ne me montre rien d'autre que mon corps étendu mort sur ce même lit. Le téléphone sonne, je me lève pour décrocher, et tu me demandes de te rejoindre dans le jardin de la vieille maison abandonnée. Je regarde dans le miroir ma bouche esquintée, les traces de sang séché, je pense à toi. L'abandon de mon esprit m'emporte dans un éclat de sanglots et de rires. Je m'accroupis et contemple les lignes de ma main, je sens mes yeux rougir, les lignes ne m'indiquent aucun bon présage. Hystérique, je saccage la chambre à la recherche d'un oracle pour obtenir davantage de réponses. Mais il n'y a rien, alors je sèche mes larmes, mets le feu aux rideaux et sors par la fenêtre, laissant la pièce s'enflammer.

J'avance dans une ruelle mal éclairée, j'aperçois un homme, genoux à terre, se mettant un flingue dans la gueule. Il me tarde tellement de te voir... J'arrive derrière la maison abandonnée, presque essoufflé. Je crois te distinguer, de dos, assis sur la balançoire rouillée. Je m'avance, mes chaussures sont couvertes de boue, je commence à avoir froid. Tu ne bouges pas, assis, comme si tu ne m'entendais pas arriver. Je me place en face de toi, et je cherche à comprendre la raison de cette inertie. D'un coup, tu te jettes sur moi, m'allonge au sol, brandissant une bouteille brisée. La rage dans ton regard mêlée à tes hurlements me transpercent le cœur. Mes yeux se ferment et je ressens comme une griffure sur ma gorge avant de m'endormir. Je me réveille dans une boite, devant un écran transparent. Face à moi, la femme aux ciseaux est allongée dans des draps calcinés, une télécommande à la main. Je ne suis plus rien.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire