
Les battements s'emballent dans un silence assourdissant...
Dans ce vacarme artificiel mourraient les intentions rebelles....
Il ne resterait pas longtemps seul à errer sur ce trottoir. La nuit tombait, et bientôt des dizaines de personnes emprunteraient la rue pour rejoindre la fête foraine annuelle. Il lui fallait trouver un moyen de quitter la ville au plus vite. Peu importe s’il ne savait pas où aller, il y réfléchirait plus tard. Son portable en main, il accédait à la liste de ses contacts, mais aucun des noms qui défilaient sous ses yeux ne pouvait lui venir en aide. Il regardait à nouveau le dernier message reçu : étions nous fait l'un pour l'autre? Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne le retrouve. Et cette simple idée le pétrifiait d'effroi. Il savait qu'il aurait peu de chance de lui échapper, mais il lui fallait essayer. Il se rappelait que le métro arrivait directement dans les entrailles de la gare. Sans perdre une seconde, il s'empressait de rejoindre la prochaine station qui ne se trouvait qu'à quelques pâtés de maison.
Dans sa course effrénée à la liberté, il ne cessait de se demander s'il faisait le bon choix. où il aurait pu aller sinon ? Mais chaque possibilité qui lui venait à l'esprit était immédiatement balayée. Il arrivait essoufflé au guichet et fouilla ses poches. Le guichetier le regardait avec insistance, la pressant de lui parler avec son seul regard. Il lui souriait poliment, les mains tremblantes dans son jean, et retournait dans le hall toujours le cœur battant. Il comprenait qu'il avait déjà dépensé le peu d'argent que sa banque l'avait autorisé à retirer. Il était trop tard pour faire machine arrière. Une discrète et brève analyse du terrain s'imposait : aucun vigile ne semblait en poste. Il décidait de suivre de près un usager afin de s'engouffrer avec lui dans l'ouverture des portes. Il sentit soudain une main lui agripper l'épaule.
Au creux de mon oeil,
Tu trouveras le repos.
Tout se noie dans son regard quand il demeure à contempler ses peintures. Ses pinceaux des doigts aiguisés de plaisirs tourmentés concentrent sur la toile l’infâme excès de désolation qui infecte son âme. Fixation obsessionnelle frôlant la convulsion devant le miroir de son imaginaire torturé, comme s’il pénétrait ces cauchemars acryliques. Sordides risqueraient d’être les conséquences si quelqu'un le ramenait à la réalité. L’esprit altéré se recueille dans une souffrance maculée de folie. Douleurs dans la bouche, lèvres qui saignent. Beaucoup se damneraient pour lécher ce fruit de la hantise, aspirer sa sanglante essence, pénétrer ses mélancoliques ténèbres. Éprouvantes sensations d’amertumes qu’ils ne sauraient ni comprendre, ni maîtriser. Se donner à eux serait un juste retour de leurs pures perversions, plaisir sadique qui les emmènerait sous terre, là où les vers dévorent les hommes plus vite. Encore ils le veulent mais jamais ne l’auront.
Perdu dans ses pénates, il oublie que le monde continue de tourner. Avec ou sans lui. Demain n’existe pas. Il ne sait plus s’il oublie qui il n’est pas ou s’il ne l’a jamais su. Ses yeux éteints comme deux ampoules grillées lorgnent le pus séché sur ses ongles. Quelques gouttes d’alcool ont suffit à éteindre l’étincelle d’espoir qui l’animait autrefois. Addiction assommante perpétuant la malsaine complaisance à ne plus avoir de remords lorsque sa chair subir les affres de ces sentiments. Alternance de sourires mornes et de soupirs funèbres. Ces rêves ne voient le jour que dans le flou qui inonde ses yeux tel un brouillard épais. Il vit son paradis en enfer au milieu des poussières qui dansent dans les abîmes. Arrache les croûtes d’un supplice infligé dont seules ses mains se souviennent. Se saigne pour évacuer la douleur viciée que son cœur crache. Elle se répand, elle est partout. Acide. Impure. Regarde ce qu’ils t’ont fait. La fissure est trop profonde. Tandis que la lame raye l’os, le miroir se brise. Deux ne font qu'un. Tu es le reflet de ma détresse qui nous assène vers le néant. Les mouvements feignent d’être. Dans la démence nous nous éteignons. Je ne nous entends plus.